dimanche 5 janvier 2014

Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi.

Prédication du 22 décembre 2013, à l'Eglise Baptiste de Grenoble-Echirolles

Lecture Luc 1:46b-55

Mon âme exalte le Seigneur
et mon esprit s'est rempli d'allégresse
à cause de Dieu, mon Sauveur,
parce qu'il a porté son regard sur son humble servante.
Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse,
parce que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses

Le texte qui nous a accompagné pendant notre louange est une vraie explosion de joie, et je nous invite à nous prendre encore un peu de temps ce matin, pour le recevoir et pour entendre des résonances pour nos vies ici et maintenant.

Pourtant, ça n’a pas vraiment commencé dans la joie.

Pour mieux situer ses paroles, écoutons ensemble l’échange qui avait eu lieu quelques semaines auparavant entre Marie et un messager surprenant:

<lecture Luc 1 :28-38>

« Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. »

Mais Mairie n'a pas su accueillir ces mots avec joie. Elle en a été troublée.

Qu'est-ce que cela voulait dire, avoir la faveur de Dieu. Elle ? Jeune fille parmi d'autres, habitante d'une ville sans importance, dans une province obscure et sous occupation. Comment comprendre « le Seigneur est avec toi» ?

On dirait qu'elle est trop perplexe pour se réjouir.

Et puis quand le messager rentre dans les détails et explique à Marie pourquoi il est venu, on dirait que ça risque juste d’aggraver les choses. Il trouve nécessaire de lui dire « sois sans crainte ». Comme si pour lui prévenir qu’elle aurait besoin de refuser la peur, de s'armer de courage pour faire face à son avenir. Que dans les années à venir elle aura besoin de s'appuyer très fort sur ce fait étonnant : elle a trouvé grâce auprès de Dieu. Car en général (au temps bibliques comme de nos jours) trouver grâce auprès de Dieu met fin à toute idée d'une petite vie tranquille et sans histoire.

Difficile aussi de détecter de la joie, ni dans sa question pleine de bon sens « Comment cela se fera-il ?». Et non plus dans son « Que tout se passe pour moi comme tu me l'as dit. » Acceptation – certes. Résignation – peut-être. Mais joie ? Je n’en entends pas.

C'est peut-être pour cela, que Dieu, dans sa grâce, lui a donné un signe, concret, visible.

Un autre bébé miracle. (On dirait que Dieu aime bien cette façon d'agir...)

Et donc Marie se hâte pour aller voir pour elle même. Et ce n’était pas un petit voyage. La petite phrase « Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda » cache un voyage de plusieurs jours. Voyage étonnant pour une jeune femme en toute circonstance, et encore plus pour une jeune femme en début de grossesse. On dirait qu’elle est vraiment motivé d’y aller !

Ce n’est qu’une fois arrivée chez Élisabeth, quand elle constate la réalité de la grossesse de sa cousine, et quand elle entend les paroles prophétiques d’Elisabeth au sujet de son bébé, qu’il y a cette explosion de joie.

Mon âme exalte le Seigneur
et mon esprit s'est rempli d'allégresse

Peut-être que jusqu'à ce moment, elle n'arrivait pas à s'approprier la réalité de cette grossesse. Après tous, même de nos jours, même avec les testes fiables et les échographies, en générale on a du mal à vraiment croire qu'on est enceinte. Combien de plus ça a du être difficile pour Marie. Après tout, les premiers symptômes de la grosses s’expliquent aussi facilement par autre chose. Surtout quand on se sait vierge et quand c'est donc absolument impossible qu'on soit enceinte. Quant à la visite de l’ange – elle aurait pu la qualifier de rêve.

Mais devant le grand ventre d'Élisabeth, et en entendant les paroles, inspirées par le Saint Esprit, qui reconnaissent son fils, le message de l'ange devient réalité.

Et à partir de ce moment là, fortifiée par la présence d’Elisabeth, ou l'idée l'a troublée, la réalité amène la joie. Elle a trouvé faveur auprès de Dieu. Elle, jeune-fille sans histoire. Dieu est avec elle. Et Dieu est avec elle d'une manière absolument extraordinaire et unique – la Parole de Dieu est fait chaire en elle, dans son ventre, dans la forme d'un tout petit embryon de quelques cellules.

Je ne sais pas vous, mais moi chaque année je m’émerveille devant la manière dont Dieu a décidé d’agir. Je n’arrive pas du tout à saisir ce que ça voulait dire pour la Parole Créatrice de Dieu d’accepter de devenir, non pas simplement être humain, mais embryon dans le ventre d’une femme. De naître quelques mois après en tant que nourrisson. Ça me rappelle que Dieu ne triche pas. Qu’il est à notre coté, et qu’il prend notre part. Que quand nous vivons difficulté, deuil, déception Il les partage parce qu’il les a aussi vécu – tout comme il partage aussi nos joies.

Décidément, Dieu est en train de faire une grande chose en Marie.

Mais il est aussi en train de faire une grande chose pour elle. Car à partir de ce moment, Marie reconnait et reçoit sa participation dans le projet de Dieu comme une bénédiction ! Parce que Dieu n’est pas en train de lui imposer un service dur, difficile, ingrat qu’elle va accomplir au mieux par devoir, les dents serrées.

Certes, devenir mère si jeune risque d’être dur, difficile – et être mère, être parent a toujours des moments ingrats – mais Marie va vivre cela dans la joie – porter ce bébé, élever cet enfant vont être sources de bonheur, signes de bénédiction par Dieu. Et j’ose y voir une invitation pour nous. Une invitation à vivre les appels du Seigneur sur nos vies dans cette même allégresse – avec cette même joie. Accueillir les projets du Seigneur pour nos vies comme des bénédictions et non pas des corvées. Bien sur, ça ne se fabrique pas de manière artificielle. Des fois, comme Marie nous aurions besoin de temps et du soutien de la part des autres pour y arriver. Des fois quand Dieu nous fait un cadeau, il nous faut du temps et de l’aide pour enlever le papier, pour nous l’approprier, et pour en réjouir – mais ça vaut toujours la peine.

Et puis, comme elle le chante, si Dieu est en train de faire une grande chose pour elle – il ne le fait pas pour elle toute seule.

En tout premier, Dieu est en train de faire quelque chose d’énorme pour le peuple d’Israël :

Dieu est venu en aide à Israël son serviteur
en souvenir de sa bonté,
comme il l'avait dit à nos pères

Dieu est en train de venir en aide à Israël. De garder les promesses faites par les prophètes et envoyer le sauveur promis.

Et en plus, le projet de Dieu ici est encore plus grand que la compréhension de Marie. Car à travers son fils, Dieu est en train de venir en aide à tous les peuples, à montrer sa bonté à chacun qui est prêt à le recevoir. Il est en train de venir dans le monde, pour donner à chacun qui le reçoit, chacun qui croit en son nom, le pouvoir de devenir enfant de Dieu. Il est donc en train de faire une grande chose pour nous. Nous qui vivons 2000 plus tard mais qui osons affirmer que le Seigneur est avec nous. Nous qui sommes aussi habité par le Seigneur non pas de la même manière que Marie bien sûr, mais par son Esprit qui demeure en nous, qui nous anime, qui nous donne la vie. Nous aussi donc, nous sommes invités à entendre les paroles de l'ange et les le recevoir, à nous les approprier:

« Sois joyeuse toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi »

Nous aussi, nous avons la faveur de Dieu, nous aussi, nous sommes invités à en réjouir. Nous aussi nous sommes invités à ouvrir nos yeux et voir les grandes choses que Dieu est en train de faire en nous, et pour nous.

Mais pas que pour nous non plus. La bonté de Dieu n’est pas réservée à quelques initiés, dignes de son attention. Les grandes choses que font Dieu sont trop belles, trop importantes, trop magnifiques à être gardées pour nous-mêmes.

Ce sont de bonne nouvelles pour le monde entier. Ceux qui ne sont pas ici ce matin. Ceux qui passent devant notre bâtiment, qui habite nos voisinages, qui travaillent au même endroit. Promesse de justice et de paix profonde. Bonnes nouvelles aussi valable de nos jours qu’au temps de Marie, si seulement le monde accepte de les entendre, de les accueillir, de reconnaître ce sauveur qui vient, de manière tellement surprenante, comme petit bébé. Car :

Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent.
Il est intervenu de toute la force de son bras ;
il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ;
il a jeté les puissants à bas de leurs trônes
et il a élevé les humbles ;
les affamés, il les a comblés de biens
et les riches, il les a renvoyés les mains vides.

Et comme Marie, nous sommes appelés à participer au projet de Dieu en les annonçant, en les chantant – en les disant haut et fort à nos contemporains. Car Jésus est venu pour eux autant que pour nous.

« Sois joyeuse toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi »

Cette invitation à la joie et la promesse qui l'accompagne est aussi valable aujourd'hui, qu'il y a 2 mille ans. Et nous sommes tous invités à recevoir Jésus. A accueillir sa présence dans nos vies, que ce soit pour la première ou la millième fois. A croire en son nom, et à nous accrocher à cette promesse

Cette semaine, donc, je nous invite à nous approprier les mots de Marie, et à affirmer comme elle :

le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses :
saint est son Nom.